Tuesday 5 August 2008

Incidents mecaniques en cascade a bord de Saipem Leadership in safety

4h TU: Aube sur le 48 N 8 W. Vent force 7, mer forte. Un concurrent est en chasse 6 milles derriere Saipem. Guillaume enleve ses lunettes infrarouges, passe en verres de jour et relance la machine. A l'interieur, le skipper et les 2 equipiers hors quart ronflent doucement. Vitesse moyenne 14 nds, pointes a 20 nds.

4h02 TU: Verification de routine quotidienne des organes cles de "Saipem - Leadership in Safety". Attention particuliere portee au bout dehors, qui assure (via le genaker) notre traction a plus de 13 noeuds de moyenne depuis plus de 24h. Rien a signaler.

6h30 TU: Antoine, de quart a la barre note une flexion suspecte du bout dehors. Pascal envoye immediatement pour enquete a l'avant. Ambiance lance a incendie, reglage cas desesperes. Premieres observations : elongation et amorce de rupture de la sous barbe (cordage qui retient le bout dehors vers le bas, encaissant des efforts de plusieurs tonnes dans les vagues). Reveil du skipper.

6h31 TU: Affalage d'urgence du genaker, envoi du solent. Decision de remplacer la partie afaiblie de la sous barbe par un autre cordage.

6h40 TU: Premiere reparation effectuee. Renvoi du genaker. Quasiment immediatement, l'attache du genaker sur le bout dehors cede. La voile de 80 metres carres flotte en tete de mat, juste retenue au pont par une ecoute. Affalage en catastrophe du genaker dans le cockpit, sans le rouler.

7h TU. Reparation de l'ancrage effectuee. Nouvel envoi du genaker. Des la reacceleration, il apparait que la reparation ne tienra pas. Nouvel affalage du genaker

7h10 TU. Demontage du bout dehors et diagnostic approfondi. Ce n'est pas uniquement la sous barbe, mais l'extremite du bout dehors, un tube de carbone bien dimensionne de 3m de long, qui cede sur sa partie inferieure.

7h15 - 9h30 TU: reparation du bout dehors, en le retournant. Operation effectuee en grande partie sous pilote automatique, toujours avec des pointes a plus de 20 noeuds et des centaines de litres d'eau qui balaient l'etrave. Fin de la reparation effectuee a l'arriere du bateau, plus au sec (photo)

9h35 TU: Gwen et Pascal vident leurs bottes et changent jusqu'a leur sous vetements trempes par les paquets de mer.

Le bout dehors est de noveau operationnel, pour le genaker par vent medium et pour le spi par tous les temps. Nous continuons la course sous solent en attendant une legere baisse du vent.

Saint Malo nous voici, et en course !

Monday 4 August 2008

A fond dans la derniere ligne droite

Au cours des 30 dernieres heures, nous avons retrouve d'excellentes sensations de glisse tantot sous grand spi (jusqu a 25 noeuds de vent), tantot sous gennaker ou solent en fonction de l'angle par rapport au vent. Il faut dire que les conditions etaient plutot ideales : 23-35 noeuds de vent au portant et 3 - 4m de vagues nous ont permis d'atteindre des vitesses de pointe a 22 noeuds au gps et plus de 10 noeuds de moyenne sur les 30 dernieres heures, voila largement de quoi compenser l'absence de soleil et le supplice de l'enfilage du cire trempe a chaque debut de quart.
Concernant, notre futur immediat, les previsions meteos de ces derniers jours sont assez claires: une belle depression arrive sur l'Irlande, apportant avec elle des vents de sud ouest qui vont nous porter jusqu'a St-Malo. A l'image d'un surfeur qui rame pour se positionner la ou la vague sera la plus haute, nous sommes donc remontes vers le nord afin de beneficier au plus vite les vents apportes par la depression qui arrive. Maintenant, quel que soit le modele de prevision meteo choisi, notre logiciel de routage est formel: l'objectif est d'aller tout droit cap au 75 le plus vite possible.
A ce rythme, nous devrions arriver mercredi, mais d'ici la il faut rester prudent et concentre. Bien toile, le bateau se comporte comme une planche a voile prenant des carres pour zigzaguer dans les vagues afin d'en surfer le maximum. Si les surfs endiables font le bonheur du barreur, ils sont en revanche le cauchemard de ceux qui se reposent dans la cabine car le bateau bouge, vibre et craque dans tous les sens.
Pas plus de 3 coups de barre par vague, tel est le compromis trouve entre barreurs et dormeurs. Meme si cela reste tres inconfortable pour les dormeurs, personne ne dit rien car tout le monde sait que c'est le prix a payer pour devaller les vagues a plus de 16 noeuds plutot que de se "trainer" a 12 noeuds... Vive la course !!

Sunday 3 August 2008

Record battu.

De toute ma vie, je crois n'avoir jamais vecu une periode estivale aussi grise et humide. En un mot deprimante. Imaginez. Partis le 20 juillet de Quebec sous le soleil, nous ne l'avons revu qu'une seule fois, c'etait le 23 juillet. Il y a 11 jours. En dehors de ces journees qui ont rechauffe nos coeurs, rien. Un desert peuple de nuages, brumes, goutelettes et phenomenes meteorologiques en tous genres. L'Atlantique nord s'est transforme pour nous en une etendue desertique sans couleur et chaleur.

Le bilan est sans appel: sur 17 ou 18 jours de mer, 2 seulement nous auront offert un peu de chaleur et de reconfort. L'approche de la terre europeenne pourrait nous apporter l'espoir de beneficier d'une arrivee sous le soleil. Mais il n'en est rien. Nous arriverons avec une belle depression. Vive front froid, front chaud et toutes les formes de precipitations associees !

A la lecture de ces quelques lignes, vous comprendrez notre hate de toucher la terre ferme pour retrouver le confort moderne et un taux d'humidite raisonnable. Finalement, reprendre le travail aura du bon !

Gwen